Sur le projet

Objectif du projet

Le projet « Meridiano 105°» considère l’élaboration et diffusion d’une anthologie de poésie qui appartient aux femmes indigènes contemporaines du continent américain. Nous prétendons que chaque poète apporte un poème écrit en sa langue originaire (non européenne) et qu’à la fois, celui-ci soit traduit en toutes les langues indigènes possibles, en utilisant, quand il soit nécessaire, des traductions en espagnol, en anglais et en français avec la collaboration des autres poètes ( ou parfois avec l’aide d’autres femmes).Le projet en entier est conçu comme un réseau, comme un tissu de voix et de mots de femmes intéressées dans le projet. Dès le début, nous avons décidé que l’anthologie n’aurait pas des fins lucratives d’aucun type, car il nous semble qu’il s’agit d’un geste de grande importance pour nos époques, dans lesquelles, censément, le marché, o ce qui en reste, fait tourner le monde.

Histoire du projet : 1ère Étape

En 2004, la Chaire Extraordinaire Margaret Atwood- Gabrielle Roy, créée par l’UNAM et l’Ambassade du Canada, a organisé des journées de poésie de femmes indigènes du Mexique et du Canada. Du côté du premier pays, Irma Pineda, Briceida Cuevas et Natalia Toledo ont assisté et, du côté du Canada, Buffy St. Marie et Rita Mestokosho ont été présentes.Les auteures ont parlé de leur œuvre en plus d’avoir lu une sélection de leurs textes écrits dans leurs langues originelles (le cree, l’innu, le zapotèque et le maya), ceux-ci ont été accompagnés de traductions en anglais, en français ou en espagnol. À la fin des journées, nous, les assistantes, avons décidé de chercher une manière de garder un contact plus permanent avec ces voix et ces textes, qui ne sont pas très connus (ou qui ne sont pas suffisamment connus) dans certains espaces tels que la Faculté de Philosophie et Lettres.

La première étape du projet a consisté à demander aux poètes des journées, si elles pouvaient nous envoyer un brève poème qu’elles considéraient approprié pour l’anthologie et qui était écrit en langue indigène en plus d’être traduit en l’une des langues « pont » (l’espagnol, l’anglais ou le français). De façon parallèle, nous avons essayé de trouver d’autres poètes qui écrivaient en d’autres langues indigènes, comme le haida ou d’autres variantes du cree au Canada, et le nahuatl, le purepecha , le tzotzil, le tseltal, le huichol, le huichol wixcárika et le zoque au Mexique.

Une fois que les poètes nous ont envoyé leurs poèmes accompagnés d’une première traduction en l’une des langues « pont », la deuxième chose à faire de notre part a été la traduction de l’un de ces poèmes en l’une des autres langues « pont » qui restaient. Une fois que nous l’avons fait, nous avons envoyé les « traductions pont » au reste des poètes (ou à quelque femme de leur communauté linguistique) pour qu’elles les traduisissent en une autre langue originaire de la région de l’Amérique du Nord. De cette façon, l’anthologie a commencé à se tisser et le mouvement suivant nous demandait de penser au format de la publication.

La nature « révélatrice » de l’anthologie (des poèmes et des traductions qui montrent et qui ne cachent pas), nous a fait décider que la lecture du texte originel devait être accompagnée, de façon parallèle et simultanée, de toutes ses traductions. Alors, le format de publication, qui était avant un aspect simplement esthétique et décoratif, est devenu une partie essentielle du projet. Nous avons accordé de chercher un format de présentation qui permît de voir, au même temps, l’originel avec toutes ses traductions, qui nous permît de jouer avec les différentes manières dans lesquelles on peut classer toutes ces versions sans ajouter des hiérarchies linguistiques définies ou préétablies, et finalement, un format qui nous permît d’ajouter d’autres versions en même temps.

D’abord, nous avons pensé à publier les poèmes dans des petites boîtes (une seule par poète) qui continssent les poèmes et leurs traductions dans des feuilles volantes. Après, nous avons pensé à un type d’impression sous forme d’accordéon qui donnerait du mouvement au processus de lecture.

Cependant, dans ce point-là le projet a dû s’arrêter.

Histoire du projet : 2ème Étape

L’été 2012, le projet a pris vie et a commencé sa deuxième étape. Le besoin de mettre en marche une série de mécanismes beaucoup plus agiles, simples et clairs pour que toute cette communauté de femmes pût continuer d’être en communication, de même que la difficulté de trouver une façon de publier ce matériel sans perdre quelques-unes de ses caractéristiques les plus précieuses, nous ont conduites à choisir une option électronique (qui avait en plus d’autres avantages).Afin de pouvoir avancer, nous avons décidé de commencer une première section de l’anthologie avec la participation des poètes qui originellement ont fait partie du projet.

Une première version de la e-anthologie est née ce même été. Actuellement, l’été 2016, une deuxième version, avec une offre plus ample de poèmes traduits et avec un format plus en accord avec nos intentions, a été inaugurée.

Prochainement, nous prétendons que la section appelée « Cartographie » complémente l’information sur les poètes de l’anthologie en offrant le contexte géographique de leurs cultures sur les cartes officielles. D’ailleurs, cette section vise, à travers des cartes interactives, à illustrer la mise en question que les poèmes et les traductions de cette anthologie font du concept « frontière » comme identité, des divisions géopolitiques comme des cicatrices historiques, et à partir desquelles il est possible de dessiner (replacer dans un contexte) des différentes idées de « État-nation ».

Le mécanisme esthétique

Dès le début, l’intention de l’anthologie a été celle de compiler, organiser et diffuser les poèmes de telle manière qu’ils pussent se situer dans un contexte plus ample mais sans perdre leur spécificité. Nous cherchions aussi de trouver un format de publication qui, en plus de cacher o d’éliminer les différences entre les langues et les cultures, pût les ranger au premier plan. C’est pour cela que nous avons décidé qu’il était prioritaire d’offrir les poèmes en leurs langues originelles de façon simultanée à leurs traductions en d’autres langues indigènes, et d’inclure aussi des traductions en langues européennes qui fonctionnassent comme un appui pour la lecture plus que comme une première lecture. Au fur et à mesure que nous avions avancé, nous nous sommes rendu compte qu’il fallait commenter et replacer dans son contexte chaque poème, afin d’apprécier toute sa richesse. Il était nécessaire aussi de tenir un registre des processus et des caractéristiques des différentes traductions ; par exemple, pour savoir si dans la traduction des structures rhétoriques occidentales qui effaçaient des caractéristiques spécifiques du texte originel, s’adoptaient.De la même manière, dans la tradition littéraire occidentale, on privilégie de plus en plus le aspect conceptuel sur le sonore, mais ceci n’est pas nécessairement vrai pour d’autres traditions où l’oraliture est sans doute une catégorie importante avec ses propres caractéristiques que nous devons tenir en compte. C’est pour cela que l’anthologie cherche à inclure des enregistrements qui permettent non seulement d’écouter les textes en leurs langues originelles, mais qui fonctionnent aussi comme un rappel permanent qui montre que les formes occidentales de transmission préférées ne sont pas et ne doivent pas être les seules.

Dans un rapport étroit avec ce qu’on vient de mentionner, nous pensons qu’il est important de compter avec un registre visuel de la lecture o de la récitation des poèmes -les expressions du visage, les gestes corporels, le mouvement, etcétéra-, car ils peuvent de grand intérêt et fournir au spectateur un autre type d’information.

Questions

1.- Au moment de demander et/ou de choisir les poèmes, nous, les responsables, avons toujours eu le désir de donner de la préférence à tout ce que nous considérions qui était lié à l’expérience de vie de femmes culturellement différentes à nous. Ceci doit être toujours un motif de réflexion et de dialogue soigneux, parce que il est possible que nous puissions tomber non seulement dans des stéréotypes qui n’ont rien d’enrichissant, mais aussi que nous contribuions à la création et à la circulation de fausses images d’autres cultures.

2.- Le seul concept de poésie a été même problématique puisqu’il y a d’autres cultures qui ne le comprennent pas toujours, ou qui l’ont compris, tel que la culture occidentale actuelle l’utilise. Cependant, la question est encore plus complexe parce qu’il n’existe aucune manifestation culturelle actuelle qui puisse rester suspendue d’une manière pure ; au contraire, elle prend des éléments d’autres groupes culturels à travers différents mécanismes (l’appropriation, l’abrogation, etc.). Ceci nous oblige à repenser une série de cas puisque notre intérêt est celui de refléter ce qui, en vérité, se réalise aujourd’hui dans la poésie de femmes indigènes, et non celui d’offrir une fausse représentation liée à une image folklorique. Il est possible que, dans certaines occasions, il n’existe plus un processus de création littéraire indigène absolument divorcé des traditions occidentales les plus connues.

3.- Finalement, nous, les participantes de l’UNAM, avons eu beaucoup de doutes par rapport à notre présence dans ce site. Même si nous avons toujours voulu remarquer le rôle auxiliaire que nous jouons et aussi celui des trois langues européennes qu’utilise Meridiano 105° en tant que pont, nous n’avons pas pu rester toujours aux marges (par exemple, au moment d’administrer ce site web). Ceci nous a emmené à comprendre, avec clarté, que même s’il n’est pas possible de changer la situation actuelle, nous pouvons toujours penser à une nouvelle étape dans laquelle toutes nos présences et voix soient présentes d’une manière affirmative et tressée dans un processus pluriel et ouvert.

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